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En occident : Les hommes font aussi du yoga

Le yoga est né il y a 2000 ans environ, suivant ce que l’on sait à ce jour, créé par les hommes et pour les hommes. Il y a très peu de traces des femmes dans la littérature ancienne du Yoga.
Le yoga était pratiqué au 18ème par les Cipayes. Ceux-ci étaient les soldats des Maharaj et autres rois alors en fonction. Ils le pratiquaient comme un exercice d’échauffement pour se préparer à la guerre et se maintenir en forme.

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En Inde, ce sont traditionnellement et majoritairement les hommes qui pratiquent le Yoga.
Pattabbi Jois, le fondateur de l’Ashtanga Yoga interdisait aux femmes de suivre son enseignement. Puis il a ouvert son ashram à tous au fur et à mesure du temps.
Aujourd’hui les Yogas les plus connus et enseignés font référence aux grands maîtres indiens (Iyengar,Sivananda, Satyananda…). Les Maîtres femmes sont bien moins nombreuses mais elle ont leur place biensentendu.

Les grands maîtres de l’époque moderne sont majoritairement des hommes. Au début du 20ème siècle, Krishnamacharia fonde une école de Hatha Yoga, tel qu’il sera diffusé et popularisé ensuite en Occident, après la seconde guerre mondiale. Dans les années 60, les Beatles vont se passionner pour le Yoga et passeront plusieurs mois dans un ashram en Inde.

Les femme vont apparaitrent dans le yoga vers le 20ème siècle. Indra Devi ou Eva RuchpaulIndra Devi sera l’une des premières à introduire et populariser le Yoga aux Etats-Unis. Elle est l’une des seules élèves femmes de Krishnamacharya et deviendra la professeure des stars (Greta Garbo, Marylin Monroe…).

A partir de là, le Yoga sera considéré comme une pratique plus féminine que masculine.

Il est réservé aux femmes au foyer avec des exercices doux et lents, accessible au public de masse. C’est probablement l’une des raisons pour lesquelles les hommes considèrent encore aujourd’hui le Yoga comme une gymnastique féminine.

Yoga occidentale aujourd’hui :

En occident, le business du yoga utilise essentiellement l’image de la femme, blanche, musclée, fine pour vendre son concept et ses produits. On ne se demande pas pourquoi le yoga est associé aujourd’hui à une certaine vision de l’idéal féminin.

Les cours collectifs en France comptent en général 85 à 90% de femmes. Un peu moins aux Etats-Unis. Les hommes désertent encore les salles de Yoga pensant que ce n’est pas assez physique, manque de souplesse, que c’est « la honte”.
Pourtant, ceux qui participent une première fois sont souvent conquis et reviennent.
Les raisons semblent les mêmes que que les femmes : pression au travail, stress, changement de vie personelle, blessures, santé. Une gamme de tapis existe spécialement pour les hommes, plus grand notamment.

Bénéfices à retenir !

Populaire chez les stars et les sportifs, le yoga permet en effet d’acquérir plus de souplesse, une musculature profonde,  une meilleure respiration et entretient les articulations. C’est aussi une excellente discipline pour la préparation mentale, la confiance en soi et la concentration.

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Le Yoga comme il est pratiqué en Occident est exigeant et requiert force, souplesse, équilibre et endurance. Il apporte concentration et confiance en soi. 

Au delà de l’aspect spirituel, le yoga c’est un travail physique intense et en conscience. On considère le corps dans la globalité sans volonté de dépasser ses limites. 

Le mental s’apaise grâce aux exercices de concentration et de respiration. Le Yoga peut être une activité complémentaire utile pour les sportifs.

En pratiquant le Yoga, les hommes développent leur souplesse, muscle le dos completement, gères mieux le stress, récupèrent mieux physiquement, et acquièrent une meilleure maitrise d’eux mêmes. Sexuellement parlant également. Le Yoga permet une meilleure circulation du sang, développe les muscles profonds et stimule nerfs et tissus. Les muscles pelviens sont renforcés. (utile pour prévenir et soulager les symptômes et les douleurs liés à la prostate).

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Alors pourquoi les hommes gardent-ils l’image féminine du yoga  ?

Nous avons tous, hommes comme femmes, à peu près les mêmes modes de vie sédentaire pour beaucoup.

Avantages évidents ;Pour les hommes c’est une autre façon de se dépenser. Il n’y pas de compétition, on ne se mesure pas aux autres. Faire du yoga c’est adopter un autre mode de pensée qui est peut être contraire à nos habitudes en occident. C’est un challenge avec soi-même. Abandonnez l’égo et adoptez un comportement humble.

Pour les sportifs : Les groupes musculaires serrés peuvent affecter les hommes, souvent au niveau des épaules et / ou des ischio-jambiers. Vous ne savez peut-être pas à quel point ces muscles contractés affectent non seulement la flexibilité, mais également leur portée. Que vous souleviez des poids ou non, le yoga améliore la flexibilité, la portée et l’amplitude des mouvements. Il existe plusieurs techniques de yoga et postures physiques, qui aident les articulations de la colonne vertébrale à être plus souples. La flexibilité dans la colonne vertébrale aide par exemple ceux qui jouent au golf ou au tennis.

Aborder une nouvelle dimension spirituelle par la pratique du yoga apporte également une ouverture. C’est une expérience qui transforme l’être vers une dimension positive !

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Pour aller plus loin :

Sport et performance, le rapport au corps en Occident

Le sport moderne naît en Angleterre dans la seconde moitié du XIXe siècle, il se distingue des jeux, qui ont toujours existé, en ce qu’il confronte l’homme à la performance pure, franchir, à la course ou à la nage, une distance le plus rapidement possible, sauter plus haut ou plus loin, lancer plus loin. Pourtant, la performance n’est pas perçue comme une pure réalité physique, même si elle se déroule exclusivement sur ce terrain, puisqu’elle se résume en un chiffre, le record, un temps, une longueur, une distance… Ce qui, du sportif, est proposé à notre admiration, est, en effet, l’effort, le dépassement de soi, la force morale qui fait transcender la souffrance, qui est le quotidien du sportif de compétition. Le sport doit donner l’impression que l’homme peut, par son courage, ses capacités physiques et un lourd entraînement, dépasser les limites qui sont assignées à notre corps. Dans cette Angleterre de la première révolution industrielle, au moment où on commence à comprendre que, grâce à la machine, l’homme ne va plus avoir besoin de sa force physique pour assurer sa subsistance, le sport étalonne les capacités physiques de l’homme, en lui proposant de les dépasser. La force et la vitesse ne sont plus des outils de travail, elles deviennent des données esthétiques d’un corps organe qui a perdu ses fonctions utilitaires. Le corps devient donc organe à l’état pur, qui ne sert à rien d’autre qu’à dépasser ses propres limites. On ne va pas plus vite dans la vie si on court le 100m en moins de 10 secondes. Le corps sportif est un corps utilitaire qui ne sert à rien, fonction inutile, devenue spectacle. L’idéal agonistique des Grecs – être le meilleur – fait place au record, qui quantifie le champion. L’exploit se résume en un chiffre.

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Le yoga, un pas de plus vers l’écoute de soi

Nous sommes donc aux antipodes du yoga, qui confronte l’homme à lui-même, et non aux autres dans une compétition portant sur l’efficacité physique du corps. Le corps n’est plus lieu de confrontation avec autrui, mais avec soi-même, dans une logique totalement différente, puisqu’il ne s’agit plus de l’extériorité absolue qu’expriment les chiffres qui quantifient la performance, mais d’une voie de maîtrise personnelle du corps, sans référent extérieur. Alors que le sport occidental, dans la suite des jeux et des compétitions traditionnelles, ne se conçoit pas sans affrontement à l’autre, le yoga est individuel. Cette singularité a évidemment des racines historiques : le yoga vient de très anciennes traditions ascétiques sans doute antérieures à l’époque historique, d’où sa singularité. Partout où l’homme est confronté à un milieu plus ou moins hostile, qu’il soit naturel ou humain, généralement les deux, il développe des aptitudes physiques qui se mettent facilement en compétition. Le yoga est, dans son essence, étranger aussi bien à toute utilité matérielle qu’à toute confrontation avec autrui, il vient d’hommes retirés du monde, sortis de la comparaison à l’autre dans des logiques d’utilité, de possession ou de pouvoir.

Yoga et traditions occidentales, quelques similitudes

Il se trouve que l’Occident n’a pas les mêmes traditions. Le monde grec ignore la figure du sage, qu’on emploie abusivement quand on dit de la philosophie qu’elle est « amour de la sagesse », ce qui constitue rien de moins qu’un faux-sens. Le terme de sophia, en effet, ne signifie pas sagesse en grec, mais connaissance, habileté ou savoir-faire, et non pas sagesse, pour la simple raison que les Grecs ignorent la figure du sage, ce qui fait de la philosophie la recherche du savoir, de la connaissance, au sens le plus général du terme, mais non de la sagesse. Les Grecs ne connaissent pas l’ascèse, la retraite, la voie intérieure de la connaissance. Nul ne se retire dans une grotte ou au fond d’une forêt, à la recherche d’un savoir ou de pouvoirs que seul peut donner un long et difficile travail sur soi. C’est le christianisme qui va faire apparaître l’anachorèse, dans les premiers siècles de notre ère, avec les Pères du désert, figures du désert égyptien ou moyen-oriental, qui cherchent Dieu à travers la solitude et d’invraisemblables ascèses. L’équivalent occidental du yoga est donc à chercher dans l’anachorèse, l’érémitisme et le monachisme chrétien, qui, s’ils ne développent pas les mêmes techniques du corps, n’en recourent pas moins à la prière répétitive et à des techniques de souffle, dont on trouve même l’écho dans les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola, ce qui ne laisse pas de surprendre quand on sait qu’il est précisément le fondateur de l’ordre le plus actif de la chrétienté, la Compagnie de Jésus, dont la grande tâche missionnaire, entreprise par François Xavier, un des compagnons fondateurs de l’ordre, sera l’évangélisation de ce qu’on appelait alors les Indes. Cette lointaine parenté avec le monachisme chrétien se concrétisera d’ailleurs au XXe siècle avec la rencontre entre moines chrétiens et spirituels hindous. Rencontre qui n’abolit pas – même si elle rend les frontières plus poreuses – la différence entre les deux spiritualités, puisque les hindous ne pratiquent pas dans un cadre dogmatique, et que leur rapport au corps est malgré tout différent.

Approches duelles et non duelles, entre Inde et Occident

En effet le corps chrétien est, dans la continuité socratique, ce qui emprisonne l’âme. Le dualisme pratique qu’affirme le Socrate du Phédon – le corps-tombeau – est en effet le socle sur lequel va se constituer toute l’anthropologie occidentale. Socrate est pourtant une figure ambiguë, puisque s’affiche comme initié au chamanisme, et qu’il avait des extases, mais c’est justement son expérience de l’extase qui lui montre que l’oubli du corps est la condition du savoir absolu.

L’expérience du yogi repose sur le présupposé inverse : maîtriser le corps pour en faire non plus l’obstacle à la connaissance, mais l’organe de la connaissance. S’approprier son corps pour ne plus avoir à le subir. Le yogi retourne le rapport au corps. La première condition de ce retournement est justement l’ascèse : le yogi indien n’a pas à travailler avec son corps, qui n’est plus un outil de subsistance, et peut devenir un instrument de spiritualité. Au contraire, le christianisme occidental a toujours valorisé le travail, et même les ordres contemplatifs travaillent, de sorte que le corps ne cesse jamais d’être un instrument qui fonctionne en interface avec le monde.

En fait les deux attitudes constituent des variantes d’un même objectif, le dépassement du corps. La visée est en effet la même : la connaissance. Non pas la connaissance objective, qui culmine dans les sciences ou s’accumule dans l’érudition, quand elle ne se perd pas dans les arguties ou les faux problèmes. Platon distinguait explicitement les deux formes de connaissance, la connaissance véritable, donnée dans une intuition indicible, qu’aucune parole ne peut formuler, et le savoir apparent, qui se déploie dans le raisonnement mais ne saurait véritablement atteindre le réel. La connaissance véritable transcende les données physiques de notre expérience corporelle, l’espace et le temps. De ce fait, tant que l’homme est prisonnier de son corps, elle lui reste inaccessible.

Vers une troisième voie, vers un autre rapport au corps

Que faire alors, si on cherche la connaissance ? Oublier le corps, le nier en le cassant par l’ascèse ? Le yogi choisit une autre voie, même s’il pratique aussi une maîtrise du corps, dans ses désirs et ses besoins : il essaye de s’approprier tout son fonctionnement, pour le mettre à son service, et ainsi transformer en organe menant à la connaissance, ce qui, au départ, apparaît comme le principal obstacle à la voie du savoir. La maîtrise yogique du corps est une appropriation du corps par la conscience. Le corps conscient du yogi accompli cesse d’être comme un autre en nous, à la fois nous et étranger en ce qu’il nous fait faire ce que nous ne voudrions pas faire. La simple constatation du fait que l’obésité est devenue un problème de santé publique et même de société, montre que l’homme occidental, à force de traiter son corps en simple outil, que ce soit d’action, de réalisations concrètes, d’émotions ou de plaisirs, s’asservit à ce corps devenu ennemi.

Le rapport au corps en Inde et en Occident

L’homme occidental a choisi la voie de l’action, de la réalisation pratique, et a ainsi instrumentalisé son corps, et maintenant que ce n’est plus ce corps instrument qui lui permet de gagner sa vie, il est devenu un corps en trop, qui, à son tour, l’instrumentalise, au point de le tyranniser. D’où l’émergence du yoga en Occident, comme réponse au besoin même des occidentaux, encombrés de ce corps obstacle qui a perdu ses fonctions instrumentales, désormais dévolues à la machine. Mais il serait dommage de ne voir dans cette importation du yoga qu’un moyen de prendre possession d’un corps devenu inutile, il ne faut pas oublier que c’est une voie de connaissance, un moyen d’accéder à ce qui dépasse l’intelligence calculatrice.

Sources :

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